On l’oublie souvent mais les constructeurs automobiles disposent presque
tous de filiales bancaires. Volkswagen ne fait pas exception et ses déboires
sont en train de poser de gros soucis à sa banque.
Le total de leur bilan équivaut en gros,
à fin 2014, à 40 % de l’activité
de construction de voitures
Les constructeurs automobiles ont compris depuis longtemps qu’ils
pouvaient gagner de l’argent en prenant la place des banques. Plutôt que
laisser ces dernières offrir des crédits à la consommation pour acheter leurs
voitures, ils se sont dit qu’ils pouvaient offrir eux-mêmes ces crédits à
forte marge. Ainsi, à côté de Volkswagen Financial Services, on
trouve en France PSA Finance pour Peugeot Citroën, RCI Banque pour
Renault, etc. On dit de ces banques qu’elles sont « captives »
des constructeurs dans la mesure où elles dépendent de leurs clients.
Ces établissements financiers ont développé une activité
relativement importante : le total de leur bilan équivaut en gros
– à la fin 2014 – à 40 % de l’activité de construction de
voitures. Ce sont des banques à part entière : elles offrent des
crédits aux clients et aux concessionnaires et elles récupèrent des dépôts en
offrant des produits d’épargne.
Actifs des établissements financiers des constructeurs automobiles
(orange) comparé à l’actif industriel de l’entreprise (bleu) au 31 décembre
2014, en milliards d’euros.
Leurs crédits sont plutôt à court terme (de l’ordre de trois ans) et elles
se financent également à court terme sur les marchés financiers, notamment en
titrisant leurs crédits (15 %
de leur financement), c’est-à-dire en les vendant à des investisseurs. Elles
peuvent d’autant plus emprunter à des taux d’intérêt bas qu’elles disposent
d’un accès à la liquidité offerte quasi gratuitement par la Banque centrale
européenne (BCE) et que le constructeur automobile dont elles dépendent
est là au cas où, ce qui leur assure une rentabilité conséquente. Mais quand
la maison mère va mal, comme chez Volkswagen, une fois n’est pas coutume, ce
sont les problèmes de l’économie réelle qui se transmettent à la finance.
Des risques financiers
C’est ce qui s’est produit par exemple en 2009 pour GMAC Bank, la filiale
de crédit de l’américain General Motors ou pour PSA Finance en 2012, qui ont
dû être sauvés par les pouvoirs publics. Suite aux récentes révélations, la BCE a décidé de
surveiller de près Volkswagen Financial Services, doutant désormais de la
qualité de son modèle économique : les investisseurs peuvent être moins
enclins à lui prêter, ce qui pourrait lui poser rapidement des problèmes. On
sait également que la banque du constructeur allemand est présente sur les
marchés de produits financiers sophistiqués, dont une partie peut s’avérer
toxique.
L’Allemagne sera peut-être forcée d’intervenir pour sauver
la branche financière de Volkswagen
Face à toutes ces incertitudes, le gouvernement allemand sera peut-être
forcé d’intervenir à son tour pour sauver la branche financière de
Volkswagen. Non pas que l’établissement soit systémique : avec ses
160 milliards d’actifs à la fin juin 2015, il reste un acteur
financier de petite taille dont la chute ne devrait pas entraîner un vaste
mouvement de panique. Mais un effondrement ajouterait un choc financier au
déboire industriel rendant encore plus difficile la remise sur pied du
constructeur. En Allemagne, c’est Volkswagen, pas sa banque, qui est too
big to fail.