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À
chaque élection présidentielle, un illuminé tente
d’intégrer le carré très
« VIP » des candidats retenus, fut-ce en se
prévalant de promesses de parrainages illusoires.
En 2007, un
politicien avait défrayé la chronique à cet effet :
Rachid Nekkaz. Ce dernier avait
déclaré détenir, au 10 novembre 2006, 521 promesses de
parrainages de maires de communes rurales. Suffisamment, en apparence, pour décrocher
le sésame si convoité. Mais ce type d’effet
d’annonce ne sert généralement qu’à faire
parler de soi et Nekkaz était bien loin du
compte. Décidé à conserver un certain poids
médiatique, il brûla
un parrainage sur un plateau de télévision. Mais la
véritable actualité électorale éclipsa presque
définitivement ce personnage qui sombra alors dans un oubli dont il
n’aurait peut-être jamais dû sortir. Il n’eut
d’ailleurs pas l’audace de se représenter en 2012. Il faut
dire, qu’entre-temps, il adhéra au Parti socialiste. Mais sa
fidélité à l’égard de son mouvement
politique était toute relative puisqu’il incita visiblement des
élus à parrainer Cindy Lee, la candidate du parti de
l’amour et de la liberté.
Il sera alors
placé en garde à vue en mars 2012 : était en cause
le fait qu’il avait invité le maire d’une commune du
Pas-de-Calais à parrainer la susvisée. Riche homme
d’affaires, Nekkaz aurait peut-être
tenté d’offrir un chèque à cet élu en
échange de ce service.
L’association
Front des banlieues indépendant, soutien de Nekkaz,
avait annoncé que ce dernier agissait dans « le cadre de
son opération de salut républicain consistant à demander
aux élus de la République de parrainer des femmes candidates
à l’Élysée ayant des difficultés à
obtenir leur parrainage et à faire abolir le système des
parrainages des élus qui favorise la corruption ». Or, il
semblerait pourtant que ce soit Nekkaz qui se soit
adonné à la corruption. À moins que l’initiative
ait été volontaire afin de mieux montrer les limites du
système des parrainages et les travers qu’il implique…
À la
base, ce système avait été instauré pour limiter
raisonnablement le nombre de candidats à l’élection
présidentielle et faire en sorte que, dès le premier tour, les
deux finalistes réalisent un score décent qui leur octroierait
une certaine légitimité. Mais ce verrouillage a connu ses
limites en 2002, 16 candidats s’étant
présentés ! Un chiffre si important que le candidat du
Parti socialiste, Lionel Jospin, a été doublé par celui
du Front national, Jean-Marie Le Pen. Les « grands partis
traditionnels », y compris l’UMP, ont alors craint de voir
une telle surprise se rééditer. Le 8 mars 2011, Harris
Interactive publie
un sondage indiquant que Marine Le Pen serait au second tour de l’élection
présidentielle, devant Nicolas Sarkozy. Le spectre d’un
« 21 avril à l’envers » inquiète
l’UMP. À ce moment, les candidats potentiels à droite
étaient nombreux (Morin, Villepin, Borloo…).
Comment
parvenir au second tour sereinement ? En faisant pression sur les
maires ! Si Sarkozy savait très bien qu’il ne pourrait
éliminer de la course Marine Le Pen, en revanche, les Morin, Villepin
et Borloo étaient des proies beaucoup plus faciles qu’il avala
sans ménagement.
Au vu des
pressions exercées sur les maires par les grands partis traditionnels,
on ne doit pas s’étonner de voir des politiciens comme Nekkaz tenter de forcer le système par la
corruption et l’achat de parrainages. Il est, en effet, de plus en plus
difficile, pour de nouvelles forces politiques, de percer dans ce
système aussi verrouillé.
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