Hugo Chavez a
donc été triomphalement réélu
président du Venezuela en octobre avec plus de 54% des voix. On pourra
toujours soutenir que cette victoire est la plus courte qu’il ait
remportée depuis 1998. Il n’empêche qu’elle est
incontestable au point que son adversaire, Henrique Capriles,
a tenu à le féliciter et a reconnu sa défaite.
Est-ce la
preuve que le système Chavez est efficace pour son pays ?
Certainement pas. Pour s’en convaincre, il convient de lire cet article de The Economist,
publié avant l’élection, qui nous éclaire bien sur
les raisons qui pouvaient conduire à cette victoire.
Tout
d’abord, Chavez, fin politicien, avait jugé bon de doubler le
nombre d’employés du secteur public. Il avait ainsi compris que
les fonctionnaires étaient une clientèle électorale
sensible à ses idées et dont il était utile
d’augmenter significativement le nombre. Dans les années 1970,
un courant de pensée majeur, l’école des
« Choix publics » avait montré
que les bureaucrates cherchaient à continuellement étendre leur
territoire administratif, ce qui passait inéluctablement par des
embauches massives.
Non content de
son coup politique machiavélique (qui plaît à la
population, de prime abord), Chavez a voulu garder la main sur cette
clientèle électorale, obligeant lesdits employés du
secteur public à remplir des formulaires dans lesquels ils indiquaient
où ils allaient voter. Le but inavoué étant, bien entendu,
d’exercer une forme de pression sur eux.
Par ailleurs,
malheureusement pour le Venezuela, l’accroissement de la taille du
service public du pays n’est pas allé de pair avec sa
qualité. L’article de The Economist le montre bien : les routes et les ponts
sont construits de façon si médiocre qu’ils
s’effondrent quelquefois. La construction de l’infrastructure
ferroviaire prend du retard par rapport aux dates prévues. Et que dire
des promesses de Chavez quant à la création de seize nouveaux
hôpitaux ? Pour l’instant, seuls trois ont apparemment vu le
jour. Et pourtant, les dépenses publiques ne cessent
d’augmenter, le président vénézuélien
surfant dangereusement sur la hausse du prix du baril de pétrole.
L’autre
problème dans cette élection tient à la faiblesse de
l’opposition : en effet, la presse occidentale aura toujours
tendance à saluer, voire à encourager l’élection
d’un concurrent politique d’un autocrate. Et il est vrai
qu’un amoureux de la liberté préférera toujours un
Capriles à un Chavez.
Néanmoins,
le programme politique de Capriles était
également dangereux : The Economist rappelle qu’il avait
prôné une augmentation du salaire minimum
vénézuélien ainsi que des investissements massifs dans
l’électricité.
Tous ces
éléments du programme montrent qu’il marchait sur les
plates-bandes du président du Venezuela. Or, un peuple
préfère toujours un original à une pâle copie.
C’est ce que n’avait pas compris
Nicolas Sarkozy au printemps. C’est ce qui a conduit à la
défaite de Capriles. Et ce, alors que
Chavez, du fait de son bilan désastreux, pouvait être battu.
Mais il aurait fallu, pour cela, proposer un programme alternatif et ne pas
jouer au « Chavez du pauvre ».
En effet, la
situation de la dette publique vénézuélienne –
laquelle a augmenté de 110% entre 2002 et 2010 – ne justifiait
pas de telles propositions électorales. Capriles
aurait dû, au contraire, axer son programme sur la situation
financière désastreuse de son pays afin de mieux faire avaler
la pilule de l’austérité. Il aurait peut-être eu
ainsi plus de chances de remporter l’élection.
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