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Cours Or & Argent

La mode des taxes rétroactives

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Publié le 30 janvier 2014
681 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
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SUIVRE : Épargne Taxe
Rubrique : Fondamental

 

 

 

 

En analysant les différentes négociations portant sur l’introduction des nouvelles taxes, on observe que dans les domaines d’activité où les groupes d’intérêt sont bien organisés, il s’agit souvent de fausses taxes car elles sont compensées par d’autres privilèges fiscaux, voire par des subventions. Ce billet discutera un autre aspect important de certaines de ces nouvelles taxes : leur rétroactivité. 


Car dans la mesure où la fameuse taxe à 75% s’appliquera aux salaires supérieurs à un million d’euro payés en 2013, elle aura forcément un effet rétroactif. Il s’agit d’une loi adoptée en octobre 2013 qui concerne les calculs comptables de l’année qui vient de passer. Il est donc vraisemblable que ces dépenses imprévues n’ont pas pu être intégrées et devront être déduites des profits de l’année suivante.


Alors que cette taxe à 75% avait été annoncée lors des élections de 2012 et qu’il était donc prévisible que François Hollande président allait la mettre en application, d’autres taxes au caractère rétroactif ont été ajoutées au cours des derniers mois. 


Dans le cadre du Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2014 (finalement voté à l’Assemblée nationale le 23 octobre), le gouvernement s’est attaché à revoir les prélèvements sociaux sur les produits de placement exonérés dans l’objectif déclaré d’apporter environ 600 millions d’euros au budget, dont la plus grande partie sera reversée à la sécurité sociale afin de réduire le déficit qui dépasse actuellement les 13 milliards d’euros.


Plus précisément, sous le couvert d’une uniformisation, de nombreux prélèvements sur des contrats d'assurance-vie, des plans d'épargne en actions (PEA) et des plans d'épargne-logement (PEL) et l’épargne salariale ont été augmentés à 15,5% quelle que soit la date de leur souscription. Ce qui est frappant dans ce projet de loi c’est qu’il s’agit donc d’une modification implicite des contrats souscrits précédemment, qui plafonnaient déjà les taux de prélèvement en fonction de la date à laquelle le contrat avait été souscrit. Par exemple, pour les gains réalisés en 1996, les taxes sur les plus-values et les dividendes étaient plafonnées à 0,5 %, (à 3,9% en 1997, à 10% en 2004 et à 15,5% pour les gains réalisés depuis juillet 2012).


À peine voté en première lecture, le texte du 23 octobre est modifié quelques jours plus tard et exempte de cette décision les PEA et le PEL, mais pas les assurances-vie. Les modifications prises en compte dans la nouvelle mouture de la loi annuleraient certains effets rétroactifs mais laissent tout de même une impression générale d’instabilité fiscale.


Imaginez que l’on modifie rétroactivement non seulement les montant des taxes mais aussi les peines et les infractions ou encore la loi électorale pour changer ex-post les résultats des élections. Si ces exemples nous choquent, alors on devrait aussi l’être  dans le cas de ces taxes rétroactives, car le principe à l’œuvre est identique.


Il faut noter au passage que dans le droit pénal français, les lois rétroactives ne sont acceptées que si elles sont en faveur de l’inculpé (remise des peines ou annulation des infractions), suivant le principe de von Feuerbach introduit en 1813 dans le code de Bavière : Nullum crimen, nulla poena sine praevia lege poenali (il n’y a pas de crime et de punition sans loi préexistante). Depuis, ce principe est devenu l’un des piliers de l’État de droit, qui permet de le distinguer des régimes politiques arbitraires. Ainsi, la Cour européenne des droits de l’homme avait précisément utilisé cet argument pour condamner la décision du gouvernement hongrois d’instaurer une taxe rétroactive à 98%.


Somme toute, en dehors du fait qu’une décision rétroactive semble souvent injuste (puisqu’il s’agit d’une décision arbitraire), elle a des conséquences économiques très graves. Elle contribue à l’instabilité économique dans la mesure où elle complique davantage les calculs comptables des entrepreneurs (une activité qui était profitable les années passées pourrait ne plus l’être soudainement) et surtout, décourage les agents économiques d’engager des ressources dans des projets à longue terme. Il faut être conscient du fait que la confiance dans un environnement d’affaires se construit difficilement, alors qu’elle peut être défaite par la signature d’un projet de loi.


 

 

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Marian Eabrasu est professeur d’économie et d’éthique à l’ESC-Troyes. Il a été chercheur à l’International Centre for Economic Research (Turin, Italie) et à l’institut Ludwig von Mises (Auburn, Etats Unis). Il est l'auteur de nombreux articles publiés dans des revues à comité de lecture comme La Revue Française de Science Politique, Quarterly Journal of Austrian Economics, Business and Society, etc. Son dernier article publié en 2012 dans Raisons Politiques s'intitule "Les états de la définition wébérienne de l'Etat"
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"Il faut être conscient du fait que la confiance dans un environnement d’affaires se construit difficilement, alors qu’elle peut être défaite par la signature d’un projet de loi." Phrase qu'il faudrait transférer à Matignon et à plusieurs autres ministères.
Parce que se faire saquer avec effet rétroactif, c'est le top du top de l'imposition.

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"Il faut être conscient du fait que la confiance dans un environnement d’affaires se construit difficilement, alors qu’elle peut être défaite par la signature d’un projet de loi." Phrase qu'il faudrait transférer à Matignon et à plusieurs autres ministèr  Lire la suite
merisier - 30/01/2014 à 12:58 GMT
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