Fermer X Les cookies sont necessaires au bon fonctionnement de 24hGold.com. En poursuivant votre navigation sur notre site, vous acceptez leur utilisation.
Pour en savoir plus sur les cookies...
Cours Or & Argent

Une nouvelle trouvaille du gouvernement : « dérèglementer en réglementant »

IMG Auteur
 
Publié le 19 mars 2014
640 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
( 9 votes, 5/5 ) , 1 commentaire
Imprimer l'article
  Article Commentaires Commenter Notation Tous les Articles  
0
envoyer
1
commenter
Notre Newsletter...
Rubrique : Fondamental

 

 

 

 

Le projet de loi relatif à la consommation, défendu par Benoît Hamon et adopté définitivement le 13 février, a été décrit dans la presse comme un texte de loi visant à dérèglementer des métiers (le transport des personnes, les assurances, la vente des produits optiques etc.) actuellement monopolisés par des acteurs privilégiés. Bien que cette nouvelle loi ait été très bien accueillie par les associations de consommateurs, une lecture attentive du texte voté au Sénat nous fait douter de sa volonté et capacité à dérèglementer.


Prenons l’exemple d’un des objets de cette loi sur la consommation les plus discutés ces derniers temps dans la presse, le marché des lunettes. La proposition majeure de la loi Hamon consiste à obliger les ophtalmologues à renseigner l’écart pupillaire sur l’ordonnance qu’ils délivrent.  Cet écart n’est actuellement pas forcement pris par les ophtalmologues. Il l’est plus habituellement par les opticiens-lunetiers et parfois par les clients eux-mêmes (à l’aide d’une photo et d’une règle). L’intérêt de cette mesure serait de permettre aux clients de pouvoir s’acheter directement des lunettes sur l’un des nombreux sites internet qui le proposent (http://www.happyview.fr/, http://www.malentille.com/, http://www.sensee.com/), contournant ainsi les enseignes traditionnelles ayant pignon sur rue.


À première vue, cette obligation envers les ophtalmologues permettrait à de nouveaux marchands de lunettes d’entrer sur le marché et aurait donc le potentiel à terme de faire diminuer le prix des lunettes. Il est toutefois difficile de voir dans cette mesure une véritable déréglementation, car elle ne fait en réalité qu’obliger les ophtalmologues à fournir un service qu’ils pouvaient de toute manière déjà proposer puisque l’écart pupillaire n’est pas un monopole légal détenu par les opticiens-lunetiers. Tandis que cette loi ne brise aucun monopole, elle crée des privilèges. D’où l’optimisme de Marc Simoncini (le PDG de http://www.sensee.com/) qui, grâce à cette nouvelle loi, estime pouvoir conquérir de 5% à 10% des parts de marché.


Ainsi, au lieu de dérèglementer le marché des produits optiques, cette loi le réglemente davantage. Si ce modèle économique était à même de stimuler véritablement la concurrence, il suffirait de l’appliquer à tous les services et d’obliger, par exemple, les aéroports à fournir des services d’embarquement gratuits pour tous les voyageurs des compagnies aériennes. De telles lois pourraient certes augmenter l’offre de certaines compagnies aériennes qui verraient ainsi leurs coûts diminuer, mais elles pénaliseraient indirectement les autres compagnies aériennes ayant déjà réussi à négocier des tarifs avantageux. Si cette situation était généralisée, elle déséquilibrerait durablement les relations de marché car elle encouragerait les entreprises à mettre davantage la pression sur le gouvernement pour décréter d’autres servies gratuits au lieu de négocier par leurs propres moyens des prix avantageux.


De ce point de vue, il est important de noter que les véritables réglementations dans le secteur des produits d’optique correctrice sont l’obligation de fournir une ordonnance pour l’achat des lunettes, ou encore celle de détenir une licence pour les praticiens (les ophtalmologues et les opticiens). En effet, le métier d’opticien-lunetier est strictement réglementé par l’article L4362 du Code de la Santé Publique avec l’obligation de déposer un diplôme d’État (BTS Opticien Lunetier) auprès de l’Agence régionale de la santé pour pouvoir exercer ce métier.


Donc, au lieu d’une véritable dérèglementation de ces métiers, qui aurait pu apporter une réelle concurrence à tous les niveaux (diplômes, licences, services et produits) et augmenter la palette de choix dans ce domaine (tant en ce qui concerne le prix que la qualité des produits optiques), le gouvernement a simplement décidé de fournir un privilège à certains commerçants. 


Somme toute, il n’est pas du tout certain que cette loi puisse atteindre son objectif déclaré: « des lunettes de qualité et bon marché ». Dans la mesure où cette loi ne fait que faciliter la vie de certains entrepreneurs, son application ne profitera pas directement aux consommateurs de services optiques mais aux marchands de lunettes en ligne.


 

 

<< Article précedent
Evaluer : Note moyenne :5 (9 votes)
>> Article suivant
Marian Eabrasu est professeur d’économie et d’éthique à l’ESC-Troyes. Il a été chercheur à l’International Centre for Economic Research (Turin, Italie) et à l’institut Ludwig von Mises (Auburn, Etats Unis). Il est l'auteur de nombreux articles publiés dans des revues à comité de lecture comme La Revue Française de Science Politique, Quarterly Journal of Austrian Economics, Business and Society, etc. Son dernier article publié en 2012 dans Raisons Politiques s'intitule "Les états de la définition wébérienne de l'Etat"
Publication de commentaires terminée
  Tous Favoris Mieux Notés  
Dans la droite ligne du socialisme : augmenter le merdier en se croyant obligé d'intervenir pour simplifier.
Dernier commentaire publié pour cet article
Dans la droite ligne du socialisme : augmenter le merdier en se croyant obligé d'intervenir pour simplifier. Lire la suite
merisier - 19/03/2014 à 08:45 GMT
Top articles
Flux d'Actualités
TOUS
OR
ARGENT
PGM & DIAMANTS
PÉTROLE & GAZ
AUTRES MÉTAUX
Profitez de la hausse des actions aurifères
  • Inscrivez-vous à notre market briefing minier
    hebdomadaire
  • Recevez nos rapports sur les sociétés qui nous semblent
    présenter les meilleurs potentiels
  • Abonnement GRATUIT, aucune sollicitation
  • Offre limitée, inscrivez-vous maintenant !
Accédez directement au site.