En fin d’année
2013, certains d’entre vous ont pris connaissance du projet de système de
livraison imaginé par Amazon : Amazon Prime Air. Une
courte vidéo est disponible sur Youtube à cet effet et montre que, désormais,
une commande pourrait être expédiée à un acheteur dans un délai de… 30
minutes. Comment ? Par le biais de drones. Cela peut paraître a priori
fantaisiste et peut-être que cet ambitieux projet ne verra jamais le jour. En
effet, le type de drones que l’on voit dans la vidéo n’existe même pas dans
l’armée américaine. Les plus optimistes pourraient rétorquer qu’une firme de
l’importance d’Amazon ne se lancerait pas dans une campagne de communication
qui ne serait rien d’autre qu’un pétard mouillé et que les drones civils
existent déjà.
La SNCF, par exemple, utilise des drones pour surveiller son réseau
ferroviaire. Cette innovation, comme nous allons le voir, présente
d’indéniables avantages – comme le fait qu’elle permet d’éviter le trafic
routier, surtout pour ce qui concerne les secours médicaux d’urgence – qu’il
est toutefois nécessaire de mettre en perspective.
Amazon s’est
toutefois d’ores et déjà retranché
derrière les réglementations contraignantes de la FAA (Federal Aviation
Administration) en matière de drones qui l’empêcheraient de mener à bien ce
projet. Elle met ainsi la pression sur cette agence gouvernementale afin que
les règles soient assouplies dans un proche avenir. Sur sa page, Amazon
semble confiant quant à un changement futur de la réglementation. On peut
néanmoins émettre quelques doutes : il est vrai que ladite agence
envisage des tests de drones civils, mais qui ne se termineront qu’en 2017.
Un délai de transition entre la fin des tests et la décision de la FAA
est à escompter, ce qui nous renvoie probablement à la fin de la décennie.
Ensuite, autre
motif de questionnement : comme l’indique l’auteur d’un article sur
whim.fr, la vidéo simplifie les choses à outrance quant à la livraison. Elle
montre un drone venant tranquillement livrer un colis dans une maison
individuelle entourée d’un immense jardin. Mais quid de la livraison en
appartement ? L’intelligence du robot est inférieure à celle de l’être
humain et on imagine mal le drone trouver l’appartement de l’acheteur, surtout
s’il habite dans un grand immeuble.
En outre,
comment lutter contre les personnes qui prendront un malin plaisir à tenter
d’endommager les drones et à voler les colis ? Quid encore du coût de
l’opération de livraison pour Amazon ? Ces questions n’ont pas encore
fait l’objet de réponses.
Par ailleurs,
Amazon semble se targuer d’être à l’initiative d’une innovation
révolutionnaire et sans précédent. C’est oublier, comme le rappelle, à très
juste titre, le site Koreus.com,
que Domino’s Pizza avait déjà testé ce concept cet été.
Enfin – et
c’est peut-être un des points les plus inquiétants – certains auteurs
commencent à s’inquiéter
des conséquences néfastes pour les libertés individuelles que pourrait avoir
l’émergence de « drones civils ». En effet, on sait que l’État,
loin d’abdiquer face au développement croissant des technologies, tend, au
contraire, à les utiliser
pour toujours mieux « fliquer » sa population. Il est encore trop
tôt pour faire des plans sur la comète mais gageons que le danger se
matérialisera inévitablement.
Certains
seraient tentés de faire une distinction « drones
civils »/« drones militaires ». Or, cette distinction n’est
pas toujours pertinente car on voit que la NSA, pour ne citer qu’elle, a la
possibilité d’espionner Google et Facebook. On pourrait penser, de la même
manière, que les agences gouvernementales seront tentées d’utiliser
les précieuses données des drones civils à leur profit.
L’avenir nous
en dira plus.
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