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Cours Or & Argent

Un non-évènement médiatique plein de significations politiques

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Publié le 10 décembre 2014
845 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
( 11 votes, 4,8/5 ) , 4 commentaires
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Je propose de revenir sur les dernières élections présidentielles roumaines, qui ont eu lieu le 2 et le 16 novembre dans le plus grand mutisme médiatique alors qu’elles se sont avérées lourdes de significations politiques pour la conception de la démocratie au sein de l’Union européenne.

 

Ces élections opposaient, au deuxième tour, l’actuel premier ministre roumain Victor Ponta (candidat du Parti social démocrate, membre de la famille socialiste européenne) au candidat de l’Alliance libérale et chrétienne, Klaus Iohannis, issu de la minorité allemande et actuel maire de la ville de Sibiu (importante destination touristique et ancienne capitale européenne de la culture). Un scrutin au premier abord tout à fait anodin, en particulier vu de France, qui ne justifiait pas une couverture médiatique particulière.

 

Pourtant, alors que le 16 novembre les chaînes d’information en continu et la presse en ligne se contentaient de diffuser en boucle des dépêches d’agences portant sur l’importante affaire Nabilla et la vente d’un chapeau de Napoléon, les habitants et les passants dans la rue saint Dominique à Paris se montraient intrigués par le déroulement du scrutin. Depuis 7 heures du matin, et même pour certains depuis la veille au soir, dans le froid et sous la pluie, plusieurs milliers d’électeurs roumains étaient rangés en une épaisse file d’attente qui tournait en suivant les rues du 8ème arrondissement. Alors que vers 21 heures, en répondant à un appel des officiels de l’ambassade, des CSR sont intervenus violement pour disperser avec des gaz lacrymogènes les quelques centaines d’électeurs qui attendaient encore patiemment leur tour, la votation s’est transformée en manifestation pour le droit de vote, accompagnée de slogans anti-gouvernementaux, anti-communistes issus de la révolution du 1989, de l’hymne roumain ou encore de la marseillaise. De quoi étonner non seulement les témoins mais aussi les CRS eux-mêmes, qui n’ont pas l’habitude d’intervenir pour disperser des électeurs !

 

Comment a-t-on pu en arriver là, en 2014 et dans l’Union européenne? Voilà une question que, faute de couverture médiatique, peu de Français ont eu l’occasion de se poser. Aussi bien pour le premier tour de scrutin que pour le second, le gouvernement roumain, directement intéressé par l’issue du scrutin présidentiel (car, rappelons-le, le premier ministre lui-même était candidat), a sciemment limité le nombre des bureaux de vote dans les circonscriptions à l’étranger qui, selon les sondages, donnaient pour favori, son rival libéral -  les résultats du vote ont, en effet, confirmé que les expatriés roumains en France ayant réussi à introduire un bulletin dans l’urne ont plébiscité Klaus Iohannis à hauteur de 93,46%. Le fait que l’affluence du second tour n’était pas inattendue démontre que rien de concret n’avait été fait après le premier tour, alors que des milliers d’électeurs avaient déjà été empêchés de voter dans les capitales européennes. Il aurait, dans tous les cas, été mathématiquement impossible, pour les quelques bureaux de vote prévus,  d’accueillir plus de quelques centaines de milliers d’électeurs parmi les 3 millions d’expatriés roumains.

 

Dans ces conditions, le plus étrange n’est pas seulement le manque de couverture médiatique mais aussi, et surtout, le silence des responsables politiques français et européens. Mis à part quelques députés européens du PPE (soutenant le candidat libéral Klaus Iohannis), peu de responsables politiques ont réagi à cette pénurie électorale organisée. Si l’on ajoute que le président du Parlement européen Martin Schulz avait publiquement offert son soutien au candidat social démocrate, il faut conclure que ce dernier ne voyait pas d’un mauvais œil cette conception de la démocratie qui trie les électeurs non plus en fonction de leurs revenus (comme le faisait le suffrage censitaire) mais en fonction de leur rang dans une file d’attente.

 

Ce silence médiatique et politique européen à l’égard du déroulement des élections roumaines nous enseigne aussi qu’il a été beaucoup plus facile pour le gouvernement Ponta de redéfinir la démocratie, en tant que membre d’une grande famille politique européenne, que s’il avait été à la tête d’un parti labélisé comme extrémiste tel que celui de Viktor Orban en Hongrie. Car même si l’on ne peut pas attribuer au gouvernement Ponta les dérives autoritaires du gouvernement Orban, on peut tout de même recenser maints cas de corruption au sein de son parti comme de son gouvernement. L’exemple le plus anecdotique est le scandale, relevé par Nature, du plagiat de sa propre thèse de doctorat en droit soutenue sous la direction d’Adrian Nastase – lui-même ancien Premier ministre et président du Parti social démocrate, condamné à plusieurs années de prison ferme pour corruption et détournement de plusieurs millions d’euro de fonds publics. Alors que le conseil des diplômes universitaires s’était autosaisi et avait décidé d’annuler le titre de docteur du Premier ministre, son ministre de l’éducation a tout simplement enlevé à cette commission le droit de retirer des diplômes frauduleux, blanchissant ainsi le premier ministre Ponta en semblant signifier qu’il est acceptable d’oublier de placer plus de cent pages de texte entre guillemets…Le fin mot de l’histoire est que le candidat Iohannis a gagné les élections. Le candidat Ponta reste donc premier ministre, et  tout est rentré dans l’ordre en Roumanie, ou presque...

 

 

 

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Marian Eabrasu est professeur d’économie et d’éthique à l’ESC-Troyes. Il a été chercheur à l’International Centre for Economic Research (Turin, Italie) et à l’institut Ludwig von Mises (Auburn, Etats Unis). Il est l'auteur de nombreux articles publiés dans des revues à comité de lecture comme La Revue Française de Science Politique, Quarterly Journal of Austrian Economics, Business and Society, etc. Son dernier article publié en 2012 dans Raisons Politiques s'intitule "Les états de la définition wébérienne de l'Etat"
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Même pour aller voter, il faut maintenant emporter son masque à gaz...
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bientôt ça ne servira à rien, quand les polices utiliseront des camions à "mili-ondes", capables de faire chauffer l'eau sous la peau humaine, provoquant des brûlures. Une arme redoutable pour disperser une foule... (mais il y a peut-être des méthodes pour s'en protéger ?)
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Peut-être comme les micro-ondes: une armure métallique ?

Ca doit être amusant à retourner ces armes là ...
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Tant que ça plaît à l'Oncle Sam, c'est "bien".

Vous remarquerez au passage que les médias mainstream omettent de plus en plus d'infos importantes... la tendance n'est pas neuve, mais elle s'accentue de plus en plus.

Dans une illusion de démocratie, le vrai pouvoir vient de l'information, celui qui la contrôle, contrôle le peuple, et si jamais ça déborde un peu, il est toujours possible de durcir le ton, et de "omettre" cette info, car finalement, qui va l'empêcher de faire ce qu'il veut ?
C'est comme je le disais au sujet d'israel, déjà depuis de nombreuses années, quand on demande "mais pourquoi israel détruit-il les palestiniens?" , réponse toute simple de ma part : "parce que personne ne l'en empêche".
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Pâris - 12/12/2014 à 21:22 GMT
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