L’Europe devrait bientôt
mettre en place des contrôles des capitaux et renforcer les contrôles
frontaliers.
Cela n’a rien d’une supposition. Nous
savons que l’élite politique européenne n’est que trop heureuse de pouvoir
ignorer la loi lorsqu’elle perd le contrôle de la crise. Ce ne serait en
effet pas la première fois qu’une situation comme celle-ci se présenterait en
Union européenne.
En mars 2012, alors que la
crise commençait en Europe à échapper à tout contrôle, Nicolas Sarkozy, alors
président de la France, a appelé ouvertement à une renégociation du Traité de
Schengen : le traité établissant l’Union européenne des 26 comme entité « sans
frontières intérieures » au sein de laquelle les individus sont libres
de se déplacer d’un pays à un autre sans aucune difficulté, et qui facilite
également les échanges commerciaux entre pays membres.
Et la France n’était pas
seule. Quelques mois plus tard, l’Allemagne l’a accompagnée pour proposer la
mise en place de contrôle aux frontières à compter du mois de juin de la même
année.
Une motion
de défiance en Europe
La proposition jointe de l’Allemagne et de la France visait
à permettre aux pays de la zone Schengen de réintroduire temporairement des
contrôles douaniers comme mesure de dernier ressort, et aurait pu paraître
anodine. Mais elle aurait aussi pu endommager l’un des symboles les plus
forts de l’unité européenne, et potentiellement contribuer à la mort de l’Union
européenne.
Et aujourd’hui, les deux pays sont sérieux.
Lors de la réunion des ministres de l’intérieur européens qui se tiendra la
semaine prochaine, les deux pays devraient entamer les négociations quant à
la réintroduction de contrôles douaniers nationaux au sein de la zone
Schengen. Selon le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, le ministre
allemand de l’intérieur, Hans-Peter Friedrich, et son homologue français,
Claude Guéant, ont formulé une lettre à leurs collègues dans laquelle ils appellent
les gouvernements à réintroduire leurs contrôles frontaliers comme mesure de
dernier recours, « et pour une durée limitée ». Selon certains
rapports, ils recommanderaient une durée initiale de trente jours.
http://www.spiegel.de/international/europe/ge...y-a-828815.html
Pourquoi une telle
proposition ?
La sortie de la Grèce :
toujours le même problème qui refait surface. Comme l’explique l’article
ci-dessous publié en juin 2012, les dirigeants de l’Union européenne
proposent des contrôles de capitaux, des contrôles frontaliers, voire même
une limitation des quantités de monnaie pouvant être retirées depuis les
distributeurs automatiques au travers de l’Europe.
Dossier exclusif : L’Union
européenne prévoit la mise en place de programmes de dernier recours en
prévision d’une sortie de la Grèce.
Les ministres européens des finances ont
discuté la mise en place d’un programme de dernier recours qui autoriserait l’imposition
de limites aux retraits depuis les distributeurs automatiques, la mise en
place de contrôles aux frontières et l’introduction de contrôles de capitaux,
au moins en Grèce, dans le cas où Athènes décidait de quitter l’euro.
En plus de limiter les retraits aux
distributeurs et d’imposer des contrôles de capitaux, la possibilité d’une
suspension des accords de Schengen a été discutée, qui suspendrait les
déplacements sans visa entre les pays membres.
http://money.msn.com/business-news/article...amp;id=15208663
Si vous pensez que les choses ont
changé depuis 2012, vous vous trompez. Le système bancaire et monétaire
européen demeure aussi fragile qu’à l’époque, sinon plus.
L’effet de levier du système bancaire
européen s’élève dans son ensemble à 26 pour un. Le système bancaire européen
tout entier a un effet de levier proche de celui de Lehman (qui était juste
avant son effondrement de 30 pour un).
Avec un effet de levier de 26 pour un, il
suffirait d’une baisse de 4% du prix des actifs pour détruire l’intégralité
du capital. Quelles sont les chances que les actifs des banques européennes
aient perdu 4% de leur valeur au cours de ces deux dernières années ?
Pour l’Europe, la crise n’est pas
terminée. Et lorsqu’elle se fera de nouveau vraiment ressentir, que ce soit
suite à la sortie de la Grèce ou de n’importe quel autre évènement, des
contrôles de capitaux et frontaliers seront mis en place.
L’Europe n’en est pas passée
très loin en 2012. Cette fois-ci, la BCE ne pourra plus l’empêcher de
basculer.