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Cours Or & Argent
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Comment BitGold prévoit de devenir un nouveau standard

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Publié le 01 décembre 2015
1382 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Or et Argent

Au départ, tout ce que voulaient Josh Crumb et son collègue, c’était de permettre aux gens de payer pour un café avec de l’or.

Vous avez bien lu. Avec de l’or.

Au cours des quatre décennies qui se sont écoulées depuis que Nixon a aboli l’étalon or – qui garantissait la convertibilité d’un dollar en 1/35e d’une once d’or – aucun lien formel n’a existé entre la valeur du métal précieux et celle du dollar ou de toute autre devise majeure. Selon un groupe d’économistes et de législateurs, la fin de l’étalon or se cache derrière tous les maux dont a souffert l’économie américaine depuis l’édit de Nixon en 1971. Rand Paul, l’un des candidats républicains aux prochaines élections présidentielles, pense qu’il est temps de ne serait-ce qu’étudier le possible rattachement du dollar à l’or.

Pour Crumb et Roy Sebag, les fondateurs de BitGold Inc, la décision que prendront les politiciens et banquiers centraux du monde concernant l’or et le dollar (ou l’euro, ou encore le yen) est intéressante, mais n’a aucune conséquence sur leur entreprise. Ils ont déjà marié l’or et le dollar, dans le cadre de ce que Crumb décrit comme étant un « étalon or personnel ». Le produit de la compagnie, basée à Toronto, est très simple : il offre à ses clients la possibilité de déposer leur or sur des comptes BitGold, et puis d’utiliser ces fonds (ou leur valeur en devise locale) afin de rembourser leur prêt immobilier ou leur voiture – ou tout simplement de se payer un café.

Avec BitGold, l’une des plus récentes innovations financières du monde moderne -  la monnaie digitale – a de nouveau pu rejoindre l’un de ses plus anciens concepts, l’utilisation de l’or comme moyen d’échange. Ce concept remonte à des milliers d’années, et les devises digitales redéfinissent aujourd’hui jusqu’à sa signification même, au point d’avoir entamé un véritable renversement du fonctionnement des systèmes financiers globaux.

Bitcoin est bien évidemment la variante la plus familière de ces devises digitales. Aujourd’hui âgé de six ans, il a traversé une véritable débâcle au cours de ces derniers mois. Les forces de l’ordre ont fait fermer Silk Road, le marché noir en ligne sur lequel il était possible d’engager des tueurs à gage contre un paiement en Bitcoins, tout en passant au travers des filets des banques centrales et des déclarations fiscales. Katherine Forrest, juge de tribunal de district, a condamné le fondateur de Silk Road, Ross Ulbricht, à une peine d’emprisonnement à vie vendredi dernier.

Bitcoin attire à la fois ceux qui pensent que l’argent liquide est mort et que l’avenir des devises est digital, et les libertaires qui préfèrent que leurs transactions financières demeurent cachées du regard des agences gouvernementales. Ses premières années ont été chaotiques – le marché Mt Gox a sombré dans la banqueroute après que des pirates ont dérobé quelques 500 millions de dollars d’actifs à leurs clients – et son avenir de long terme demeure incertain. Après tout, il s’agit d’un concept entièrement nouveau, et sa valeur (en dollars) a été très volatile. Si votre patron décidait de vous payer en Bitcoins plutôt qu’en dollars, et que vous viviez intégralement au sein de l’économie Bitcoin, les choses ne fonctionneraient pas aussi facilement que si vous aviez conservé votre compte chez Bank of America.

Mais BitGold est différent. Ne laissez personne vous duper, Crumb et son collègue n’essaient pas de convertir votre or en Bitcoins. « Ce serait une mauvaise idée. »

Ceci étant dit, il s’agit d’un concept bancaire nouvelle génération, qui repose sur certains concepts similaires à ceux de Bitcoin ou d’autres devises digitales. « BitGold fonctionne à la manière d’une banque, mais il s’agit de dépenser de l’or », explique Crumb, ancien trader spécialisé dans les métaux précieux et les banques d’investissement. Ses similitudes avec Bitcoin ou n’importe quelle autre devise digitale sont liées au fait que ceux qui l’utilisent peuvent utiliser ce qu’ils désirent comme monnaie – dans le cas de BitGold, de l’or. « Tant que vous pouvez payer à Starbucks les dollars ou n’importe quelles autres unités de devise réclamés par leur caisses, tout fonctionne très bien. »

C’est le travail de BitGold que d’établir cette connexion, de changer de l’or en dollars, en roubles, en yens ou en n’importe quelle autre monnaie. Leurs clients perçoivent leur or comme de la monnaie, mais comme Starbucks ne partage pas leur opinion, BitGold sert d’agent intermédiaire. BitGold accepte l’or de ses clients, et leur permet d’effectuer une transaction en or ou de transformer leur métal en devises au taux dicté par le marché. 

Mais le dollar reste encore une exception. Jusqu’à présent, la start-up canadienne n’a pas tenté de lancer son service sur le sol américain. « Ce serait incroyablement complexe », d’un point de vue légal comme règlementaire, bien que les financements issus de la Silicon Valley dont a pu profiter Bitcoin finiront par ouvrir la voie à toutes formes de nouveaux modèles bancaires aux Etats-Unis. « Nous ne voulons pas mener ce genre de combats, mais ce dont nous avons besoin finira par arriver. »

Cela ne signifie pas que BitGold restera sur le banc de touche à attendre que les choses se passent avant d’attaquer ce qui pourrait devenir son plus gros marché : les Etats-Unis, truffés d’avocats de l’or comme Rand Paul. La semaine dernière, la société canadienne a acheté les opérations et la propriété intellectuelle de GoldMoney.com pour la somme de 49 millions de dollars, non seulement pour accéder à ses infrastructures de stockage, mais aussi pour profiter de son ancrage aux Etats-Unis. Ayant déjà des relations avec les banques commerciales, GoldMoney pourrait permettre à BitGold de se développer aux Etats-Unis « sous quelques mois ».

Les actions de BitGold – cotées en bourse sur le marché de Toronto depuis que la société a décidé d’acheter une société minière publique dans le cadre de ce qu’on appelle un rachat inversé – offrent aux avocats de l’or le goût du risque et de l’aventure et un autre moyen de rejoindre la partie. Quand la transaction a été approuvée, BitGold a commencé à s’échanger sur le TSX Venture Exchange le 21 mai pour 90 cents l’action. La société vaut désormais 8 dollars par action. Voilà qui a laissé certains analystes – dont beaucoup ont pu observer les sociétés minières aller et venir au Canada – plutôt incrédules.

Crumb est imperturbable. Pour commencer, il compte certains puissants parmi ses amis et alliés – non seulement des avocats de l’or comme Eric Sprott, gestionnaire de fonds canadien, mais aussi des gens comme Alex Soros, fils du célèbre directeur de hedge fund George Soros. Soros Brothers Investments compte parmi les investisseurs de BitGold. Le public réclame également un produit comme celui-là – notamment les gens qui disposent de plusieurs milliers de dollars d’épargne et à qui on offre des comptes bancaires qui n’offrent aucun intérêt. BitGold leur permettra de stocker leur métal gratuitement et – selon Crumb – de se protéger contre l’inflation susceptible de ronger la valeur de leur épargne.

Officiellement, l’inflation est presque inexistante. Mais Crumb nous rappelle qu’en réalité, la volatilité des prix des produits alimentaires, du pétrole et des autres biens de la vie de tous les jours prouve que ce n’est pas le cas. La réponse à ce problème ? L’or, pardi. Et un compte en banque lié à l’or, comme ceux offerts par BitGold.

Crumb et ses collègues n’ont pas lancé leur entreprise dans l’objectif de spéculer sur le marché de l’or, bien qu’un simple coup d’œil aux actions de la société suffise à prouver que certains investisseurs pensent le contraire (mais nous ne devrions pas leur en vouloir, compte tenu du marché baissier de l’or en dollars). Ils ne prévoient même pas de s’opposer aux économistes qui pensent qu’un retour à un étalon or est l’idée la plus idiote depuis New Coke (selon de récents sondages, pas un seul économiste ne pense qu’un étalon or nous assurerait une stabilité des prix ou améliorerait le marché du travail).

« Si nous avons raison, alors nous aurons établi le prochain PayPal. Si nous nous sommes trompés, nous aurons établi une autre de ces entreprises de négoce de l’or physique. »

Quoi qu’il en soit, tout ce qui brillera encore sera l’or.

* * *


Source : the Guardian

 

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