La Fed a deux réunions
de prévues cette semaine, la première mercredi, et la deuxième jeudi.
Beaucoup d’acteurs du
monde de l’investissement pensent que la Fed prendra enfin, lors de ces
réunions, la décision de faire grimper les taux d’intérêt.
Il elle le faisait, nous
assisterions à la première hausse des taux depuis 2006, et pour la première
fois en six ans, nous ferions l’expérience de taux supérieurs à zéro.
La Fed fera-t-elle
grimper les taux ? Très honnêtement, je n’en sais rien. Personne ne le
sait.
En 2012, la Fed a
annoncé que les taux grimperaient dès que le taux de chômage atteindrait
6,5%. Nous avons atteint cet objectif en avril 2014.
Et nous voilà, dix-sept
mois plus tard, avec un taux de chômage de 5,1%, à nous demander si les taux
seront bientôt rehaussés.
Il faut dire que prévoir
une hausse future des taux pour se contenter d’offrir une nouvelle excuse une
fois le moment venu semble être devenu une habitude pour la Fed.
Tout le monde était
convaincu que les taux grimperaient en avril 2015.
Ils ne l’ont pas fait.
Et puis tout le monde
était certain qu’ils grimperaient en juin 2015.
Ils ne l’ont pas fait.
Nous voilà maintenant au
mois de septembre, et moins de la moitié des économistes pensent que les taux
grimperont cette semaine.
Conclusion :
personne n’est capable de dire quand la Fed décidera de faire grimper les
taux. Cela inclue les fonctionnaires de la Fed qui ont déjà cette semaine
trouvé plusieurs excuses de ne pas le faire.
Une chose est cependant
certaine. Quand la Fed fera enfin grimper les taux, le renforcement des
politiques monétaires sera de courte durée.
Avec plus de 555
trillions de dollars de produits dérivés basés sur les taux d’intérêt à l’échelle
globale, la Fed ne pourra pas normaliser les taux sans générer une crise qui
confèrera à 2008 des airs de pique-nique.
Et je ne dis pas ça à la
légère.
Sachez que dès 1998, Brooskley
Born, juste avant de devenir directrice de la CFTC, a approché Alan
Greenspan, Bob Rubin et Larry Summers (les trois directeurs de politiques
monétaires) pour les interroger au sujet des produits dérivés.
Born a dit penser que les
produits dérivés devraient être contrôlés et régulés avant que la situation
ne devienne hors-de-contrôle. Greenspan et compagnie lui ont répondu que si
elle forçait des régulations, le marché « imploserait ».
En 1998, Greenspan était
déjà conscient du problème représenté par les produits dérivés. Bernanke est
lui-aussi au courant. C’est pourquoi il a admis que les taux ne seraient pas
normalisés de son vivant à l’occasion d’un dîner à huis-clos avec des
hedge-funds l’année dernière.
Janet Yellen est
également consciente du problème, c’est pourquoi elle a continué de refuser
de faire grimper les taux des mois durant avant que l’objectif de taux de
chômage de la Fed soit atteint.
Le fait est que la Fed
est désormais coincée. Elle aurait dû faire grimper les taux en 2012 ou 2013,
mais elle s’est contentée de poursuivre son programme, et n’a désormais plus
aucune munition.
Ou presque…
De plus en plus d’institutions
demandent aujourd’hui une taxe de l’argent liquide.
L’idée est que puisqu’il
ne coûte presque rien de stocker de l’argent liquide (rien de plus que le
coût d’achat d’un coffre), la Fed devrait être autorisée à taxer l’argent
liquide afin de pousser ceux qui en possèdent à le dépenser (à lui faire
réintégrer l’économie) ou l’investir.
Cela pourrait fonctionner
si les billets de banque étaient munis d’une bande magnétique qui indiquerait
leur date de retrait. Une fois un billet à nouveau déposé sur un compte, la
banque qui le recevrait en déduirait un certain pourcentage en tant que taxe.
Si le taux était par
exemple de 5% par mois et que vous conserviez un billet de 100 dollars
pendant deux mois avant de le déposer, la banque qui le recevrait l’enregistrerait
comme ayant une valeur de 90,25 dollars (100 * 0.95 = 95 dollars le premier
mois, et 95 * 0,95 = 90,25 le deuxième mois).
Voilà
qui peut sembler fou, mais je peux vous assurer que les banques centrales
prennent ce genre de proposition très au sérieux. En 1999, l’idée du
quantitative easing semblait complètement folle, mais il a toutefois été mis
en place à trois reprises depuis cette date, pour une somme totale de plus de
3 trillions de dollars.
En 1999, personne n’aurait
pensé que la Fed puisse se permettre d’imprimer 3 trillions de dollars de QE.
Et puisque ces programmes ont échoué à stimuler les dépenses et la croissance
économique, je ne serais pas surpris de voir la Fed présenter de nouvelles idées
au cours de ces prochains mois.
Nous n’en sommes qu’à la
naissance d’une stratégie bien plus large de guerre contre l’argent liquide.
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