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Comment les banques centrales manipulent les marchés ? Fin

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Publié le 25 juillet 2014
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Nous avons pu voir tout au long de cette série d’articles que les opérations de refinancement des banques centrales ne sont pas aussi simples que ce qui est généralement décrit dans les manuels d’économie monétaire. Ajoutons que les banques centrales ne se cantonnent pas à un ciblage simple des taux d’intérêt ou de la masse monétaire. Outre leurs opérations « conventionnelles » de refinancement, les banques centrales peuvent également mener des opérations « non-conventionnelles » qui leur cherchent à cibler des actifs financiers spécifiques afin d’influencer la composition même des portefeuilles des investisseurs.


Un exemple connu de longue date consiste à intervenir sur les marchés des devises afin de manipuler le taux de change. La banque centrale peut vouloir rendre la monnaie nationale relativement bon marché par rapport aux monnaies étrangères, ce qui favorise les exportations et l’arrivée de nouveaux investisseurs dans le pays. Pour ce faire, elle procède à une dépréciation monétaire en achetant massivement des devises avec de la monnaie domestique. La banque centrale peut, au contraire, souhaiter rassurer les investisseurs étrangers déjà sur place en montrant qu’elle est prête à maintenir le pouvoir d’achat de sa monnaie et donc des investissements réalisés en cette monnaie.   Pour cela, elle vise une appréciation monétaire en utilisant ses réserves de devises pour acheter massivement la monnaie domestique de façon à faire monter son cours.


Les interventions sur le taux de change visent surtout les intervenants du marché ForEx et pas vraiment les banques commerciales. Or, il se peut que ce type d’intervention ait un impact sur le marché interbancaire. Dans ce cas, la banque centrale peut recourir à des opérations de stérilisation monétaire (voir ici). Elle peut « essuyer » tout excès de liquidité en vendant des obligations qu’elle détient ou alors en offrant des dépôts rémunérés aux banques.


Une autre opération « non-conventionnelle » vise la composition des portefeuilles de titres des investisseurs, généralement ceux des banques commerciales. Par exemple, la banque centrale peut vouloir baisser les coûts de financement de la dette publique en rachetant des obligations publiques (et uniquement celles-ci).  Ceci ne vise pas à fournir des liquidités au marché bancaire, mais plutôt à augmenter le prix des obligations sur le marché secondaire, ce qui baisse le rendement de ces obligations. Évidemment, ce type d’opération ne permet pas de réduire le coût passé du financement de l’État, mais à terme celui du coût futur puisque de nouvelles obligations pourront être vendues à un taux plus bas.


De façon similaire, la banque centrale peut cibler des titres privés plutôt que des titres publics. En baissant la courbe de rendement des titres privés, la banque centrale essaye de baisser le coût des nouvelles opérations de financement du cycle de production. Imaginons que le taux de base du marché interbancaire est de 3% et que le taux à court terme pour les entreprises est donc de 5% pour inclure frais et marges des banques. Les taux à long-terme seront normalement plus élevés. Si la banque centrale arrive à ramener le rendement des crédits aux entreprises plus proche du taux interbancaire, les banques n’auront pas d’autre choix que de prêter à un taux plus bas que 5% et plus élevé que 3%.


Il est intéressant de voir que la banque centrale peut alors manipuler les taux spécifiques de certains titres, sans pour autant modifier son taux de base. Si ces manipulations devaient avoir un impact sur le marché interbancaire, la banque centrale pourrait toujours utiliser l’arme de la stérilisation monétaire. Ceci montre qu’une banque centrale peut modifier l’offre de réserves de liquidités sans avoir à manipuler en continu son taux d’intérêt de base. En fait, ces politiques « non-conventionnelles » sont finalement assez « conventionnelles ». Ces opérations étaient déjà en vigueur avant la crise de 2008, à la différence qu’elles étaient en quelque sorte auxiliaire à la politique monétaire « conventionnelle » de maintien du taux d’intérêt de base et d’une offre monétaire juste suffisante pour satisfaire les besoins opérationnels des banques commerciales. Aujourd’hui, la donne a changé, conséquence de la crise financière de 2008. . Les banques centrales ne peuvent plus se contenter de maintenir une « vitesse de croisière » pour l’économie car les besoins bancaires en liquidités ont augmenté. En outre, les banques occidentales se montrent plutôt réticentes à faire une expansion rapide et massive du crédit.


Toutes les opérations de la banque centrale sur les marchés empêchent justement l’ajustement naturel de ces derniers. Par conséquent, plus une banque centrale intervient, plus elle repousse un ajustement recherché par les acteurs de ce même marché. Par exemple, si lors d’une crise, les banques tentent d’épurer les mauvais crédits de leurs bilans en diminuant l’offre de crédit et en renégociant les crédits existants, la banque centrale souhaitant maintenir l’offre du crédit mettra tout en œuvre pour éviter ce scénario. Or, ceci nécessite une intervention suffisamment puissante pour contrer le mouvement de contraction bancaire.


Afin d’éviter un credit crunch massif, les banques centrales se sont ainsi trouvées dans l’obligation de faire de plus en plus appel aux opérations dites « non-conventionnelles », en particulier celles qui ciblent l’assouplissement du financement privé et la stimulation du crédit. D’où ces fameuses opérations d’assouplissement quantitatif (quantitative easing) et qualitatif (qualitative easing). Dans la mesure où les banques centrales ne visent plus seulement à maintenir l’offre de crédit mais à contrer toute contraction du crédit et stimuler la création du crédit, elles doivent intervenir massivement sur le marché des titres.


Les caractéristiques principales de ces politiques non-conventionnelles sont l’extension de la maturité des opérations et l’élargissement de ce que la banque centrale accepte comme collatéral lors des REPOs et opérations d’open market. Si les banques centrales se cantonnaient précédemment à des opérations de court-terme (quelques jours à un mois), la durée de ces opérations s’est considérablement allongée pour passer de trois mois à un peu plus d’un an. En outre, les banques centrales sont beaucoup moins exigeantes en ce qui concerne la qualité des actifs financiers qu’elles acceptent comme collatéral lors des REPOs et opérations d’open market.


Les banques centrales précisent souvent que le recours massif à ces politiques non-conventionnelles est temporaire. Néanmoins, étant donné la récupération très lente du secteur bancaire en Europe et aux États-Unis (moins lente aux États-Unis qu’en Europe), la question de la sortie de ces politiques non-conventionnelles reste sans réponse.


En conclusion, les banques centrales ont recours à tout un arsenal « d’innovations financières » très varié et plus complexe que les simples opérations d’open market connues du public avisé. Cette variété d’outils permet aux banques centrales d’avoir une influence encore plus grande sur les marchés financiers. Néanmoins, ces interventions lourdes et nombreuses ne semblent pas non plus capables d’éliminer les déséquilibres constatés sur les marchés concernés. En effet, toutes les politiques des banques centrales, conventionnelles ou non, présentent un potentiel de déséquilibre de plus en plus évident. Reste à voir si de nouvelles innovations financières permettront aux banques centrales de sortir un jour de leur propre « trappe à liquidités ».


 

 



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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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