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Le choix compliqué du moratoire, II

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Publié le 13 décembre 2011
854 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Dans un premier article, nous avons pu constater que dans le schéma actuel de la dette publique, les détenteurs de comptes courants et de placement sont pris en otage par l’État et les banques commerciales. Un moratoire pourrait donc se traduire par une perte durable de richesse pour le grand public. En effet, le moratoire est souvent le premier pas vers un défaut de paiement plus ou moins total. La question alors est de savoir si un défaut de paiement de la dette aurait des effets permanents ou non pour l’économie. Nous verrons que tout dépendra du contexte dans lequel le défaut a lieu.


Les opposants à tout type de défaut avancent que si un pays choisit ce chemin, sa réputation en souffrira sur les marchés financiers internationaux. En réalité, ceci reste à débattre. S’il est vrai qu’au lendemain d’un défaut de paiement, un pays n’arrive plus à se financer sur les marchés financiers internationaux, il est aussi vrai que son retour sur les marchés dépendra de la nature de son défaut. Si le défaut a été « stratégique », c’est-à-dire, s’il a été prémédité par un gouvernement ne voulant pas honorer ses obligations et ainsi obtenir une forte baisse du service de la dette, les marchés seront extrêmement sévères. Par contre, si malgré toute la volonté d’un gouvernement d’honorer ses dettes, le défaut a été nécessaire car inévitable, les marchés seront probablement plus conciliants. Les acteurs des marchés comprennent bien la différence entre l’incapacité à rembourser la dette et la réticence à rembourser la dette.[i] Le moratoire pourrait donc être un premier pas pour négocier une extinction partielle de la dette (souvent une partie des intérêts accumulés) et le rééchelonnement du paiement de la dette.


On dit souvent qu’un défaut de paiement entraîne une récession économique. Certes, l’Histoire montre que les défauts sont souvent accompagnés de périodes de récession économique. « Accompagnés » ne veut pas nécessairement dire « suivis ». Les défauts, publics ou privés, arrivent souvent comme le point culminant d’une crise prolongée.[ii] Ce constat est  assez logique. Le défaut se produit, en effet, lorsque les agents économiques sont incapables de générer les moyens de payer leurs obligations. C’est bien ce que l’on constate aujourd’hui dans la plupart du monde développé. Même si le défaut de la Grèce n’est pas encore arrivé, les effets d’une récession économique y sont visibles depuis au moins deux ans. Des faits similaires apparaissent déjà dans le reste de l’Europe occidentale. Autrement dit, le défaut n’est pas la cause de la récession – surtout quand le défaut est « inévitable ». Il est la preuve que la récession est déjà là et qu’elle se poursuivra le temps de liquider les investissements insoutenables et de restructurer le reste.


Selon les détracteurs du défaut de paiement, ce dernier porterait un coup mortel aux exportations d’un pays. Une vision diamétralement opposée à celle de ses partisans qui l’associent à un regain de compétitivité pour le pays qui y recourt. Effectivement, un défaut est souvent suivi d’une dévaluation monétaire qui peut être favorable aux exportations. Il ne faut cependant pas oublier que la dévaluation fait subir des pertes aux investisseurs internationaux. Ceux-ci peuvent donc dès lors se montrer réservés quant au fait de faire crédit aux partenaires exportateurs du pays en défaut de paiement. Il convient cependant de relativiser ce point. En effet, si les investisseurs historiques du pays en défaut peuvent, en effet, avoir ce comportement, rien ne dit que de nouveaux investisseurs n’y verront pas pour leur part  une opportunité d’investir dans un pays devenu plus compétitif – ce qui est arrivé en Argentine après leur défaut en 2002. Tout dépendra en fait de l’engagement du dit pays à liquider les secteurs insoutenables – lire « subventionnés » – et à restructurer et favoriser fiscalement les secteurs rentables.


On peut donc constater qu’un moratoire, et tout défaut de paiement partiel ou total qui peut le suivre, n’est pas nécessairement, la fin du monde. Il y aura certes toujours des effets négatifs à court terme. La persistance de ces effets à long terme dépendra de la façon dont ce défaut s’est produit.  Si le défaut était  inévitable et que le pays s’engage à liquider les secteurs subventionnés et à libérer les secteurs rentables, l’économie reprendra le chemin de la croissance, et peut-être même de façon plus soutenue. Si le choix du défaut de paiement a été pris sur des bases purement opportunistes alors aucun engagement n’existe et une longue période de marasme économique attend le pays en défaut.[iii]


Si des pays de la zone Euro font défaut, leur avenir dépendra de la perception qu’auront les investisseurs de la façon dont ces défauts seront négociés et de  la crédibilité des gouvernements européens à procéder à des réformes majeures de leurs finances publiques.


 

 



[i] Grossman, Herschel I., and John B. Van Huyck (1988). Sovereign Debt as a Contingent Claim: Excusable Default, Repudiation, and Reputation. American Economic Review 78 (5): 1088–97.

[ii] Borensztein, Eduardo, and Ugo Panizza (2008). The Costs of Sovereign Default. IMF Working Paper No. 08/238. International Monetary Fund, Washington, DC.

[iii] Grossman & Huyck (1988), Borensztein & Panizza (2008).

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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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