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Cours Or & Argent

Les quatre stades de la folie monétaire

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Delta Global Advisors
Publié le 06 octobre 2016
976 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Editorial du Jour

Les banques centrales ont eu recours à quatre différents stades de création monétaire au travers de leur horrifiante histoire d’usurpation de l’évaluation de la monnaie et des coûts d’emprunt, qui a normalement lieu sur les marchés. C’est un comportement destructeur qui a commencé avec l’abandon de l’étalon or, et qui s’est par le passé toujours terminé par une hyperinflation et un chaos économique.

Le premier stade est le plus bénin, mais il dresse la scène pour les effets dévastateurs des trois suivants. Le premier niveau de création monétaire a recours à l’épargne artificielle des banquiers centraux pour déterminer les taux d’intérêt de court terme au travers de l’achat et de la vente de dette gouvernementale à court terme. Ce stade semble assez peu important à premier abord, mais il est en réalité assez destructeur, parce qu’il empêche le marché de déterminer le coût de la monnaie. Ce point à une importance cruciale, parce que tous les actifs sont évalués en fonction de ces taux de rendements soi-disant « sans risque ». Un étalon or empêche la base monétaire de gonfler de plus de quelques points de pourcentage par an, et limite ainsi les prêts bancaires. En revanche, une devise fiduciaire signifie également une base monétaire fiduciaire. Ce qui mène à des prêts illimités et à la création de bulles sur les actifs.

Le deuxième stade de folie monétaire dure depuis des décennies et est aujourd’hui connu sous le nom d’assouplissement quantitatif. Après plusieurs cycles de baisse continuelle des taux d’intérêt dans l’objectif de sortir l’économie de récessions successives, les banques centrales ont commencé par amarrer les taux d’intérêt de court terme à zéro pourcent, voire moins. Une fois que les banques centrales n’ont plus eu la possibilité de faire baisser les taux de court terme davantage, elles se sont penchées sur la courbe des rendements et ont tenté de forcer artificiellement à la baisse les coûts d’emprunt de la dette de long terme. Il est important de noter qu’à ce stade, les banques centrales n’achètent des actifs que sur les bilans de banques privées, et prétendent encore qu’elles liquideront un jour ces réserves.

Le troisième stade de folie monétaire menace aujourd’hui d’être imposé à la population par les banques centrales du monde. On l’appelle « hélicoptère Ben », un terme que nous devons à l’économiste Milton Friedman. En réalité, des politiques similaires ont été employées avant lui. Friedman percevait la distribution monétaire comme un moyen de combattre la déflation, alors qu’elle avait traditionnellement été utilisée pour aider les gouvernements insolvables à rembourser leur dette.

Cette politique se définit comme étant une émission de dette gouvernementale sans échéance contractuelle ou une émission directe de crédit à l’intention du public et financée par une banque centrale. Ces deux formes de distribution monétaire opèrent plus efficacement si elles contournent complètement le système bancaire. La raison en est que les banques centrales et les gouvernements n’ont pas à s’inquiéter de voir les banques privées décider de renoncer à l’achat de dette gouvernementale et de se tourner plutôt vers l’accumulation de crédit fiduciaire sous forme d’excès de réserves. Hélicoptère Ben permet aux citoyens d’avoir un accès direct au nouveau crédit. La différence entre l’émission de dette sans échéance contractuelle et la distribution directe de crédit au public est que la première permet au gouvernement de décider qui obtient cette nouvelle monnaie, et la deuxième permet à la banque centrale de décider. Dans les deux cas, hélicoptère Ben revient à un gonflement direct de la masse monétaire, et donc à une inflation.

La Banque du Japon, et peut-être même la Banque centrale européenne, pensent mettre en place une telle politique incessamment sous peu. Hélas, une fois le troisième stade de folie monétaire enclenché, il devient inévitable d’avancer vers le quatrième stade. Parce que ce troisième stade ne peut rien faire d’autre qu’engendrer une chute dévastatrice des prix des actifs et un effondrement du marché des obligations, qui génèrent à leur tour un chaos économique de grande échelle.

Voilà qui nous amène au dernier stade d’intervention des banques centrales, qui représente des achats directs et interminables de dette souveraine par une banque centrale dans le seul objectif de ne pas perdre le contrôle sur ses taux d’intérêt. Ainsi, ce dernier stade se produit une fois que l’inflation s’est pleinement installée dans l’économie.

Il ne serait que pure folie de penser que les banques centrales pourront parvenir à leur objectif d’inflation de 2% avec précision. Des années de dépenses déficitaires et de hausse des ratios dette/PIB, ainsi que le gonflement de leurs bilans, finiront par nous mener jusqu’à une érosion significative de la confiance en la capacité des banques centrales à maintenir le pouvoir d’achat de leurs monnaies fiduciaires. Ainsi, l’inflation ne s’arrêtera pas à 2%, elle franchira ce niveau et continuera de grimper.

Et ce n’est que la moitié du problème. Les rendements des obligations souveraines ont été tant écrasés par les banques centrales que près de 30% de la dette émise par les gouvernements s’échange aujourd’hui à moins de zéro pourcent. Le retour de l’inflation génèrera certainement un exode sur le marché des obligations, alors même que les vendeurs à découvert commenceront à accumuler des positions. Le marché des obligations réagira aussi de manière assez violente – pour faire flamber les rendements d’une centaine de points de base en un rien de temps – en raison de l’anticipation d’une diminution des enchères des banques centrales sur les obligations.

Bien évidemment, la hausse des remboursements de dette rendront les gouvernements surendettés complètement insolvables, ce qui forcera les banques centrales à enclencher ce quatrième stade. Malheureusement, c’est la conclusion qui attend le monde développé. Les investisseurs ne devraient pas se montrer complaisants face à l’état inoffensif des rendements des obligations globales. En réalité, ils sont devenus des bombes à retardement, dont l’explosion aura des implications pour tous ceux qui ne s’y seront pas préparés.

 

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