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Cours Or & Argent

Moscou, l’or et la crise

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Publié le 25 juin 2015
1431 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Or et Argent

Chers lecteurs,

N’oubliant jamais que la prudence, et non la spéculation (les actions sont là pour ça), est la raison première de posséder de l’or, j’essaie souvent d’illustrer cette idée grâce à des exemples du monde réel. Je viens de recevoir cette semaine le point de vue instructif de l’un de mes amis, revendeur d’or à Moscou, qui vient de faire l’expérience d’un bouleversement économique majeur.

Je vous encourage de lire ce qu’il m’a écrit, mais ne considérez pas son expérience comme un évènement russe qui ne pourrait pas survenir chez vous, où que vous soyez. Nous avons vu des évènements similaires se développer au cours de l’Histoire et tout autour du monde. Restons prudents.

Bien à vous,

 

Note de l’éditeur : Dmitriy Balkovskiy est un revendeur d’or basé à Moscou, avec qui je me suis déjà entretenu par le passé. Depuis l’effondrement du rouble, il a fait l’expérience d’évènements intéressants dans son pays. Je lui ai donc demandé de m’en dire plus.

Par Dmitriy Balkovskiy :

J’aimerais d’abord revenir sur l’article « Gold Was Up 73% Last Year », écrit par Jeff Clark au sujet de la situation en Russie.

Premièrement, une légère correction… Jeff décrit un investisseur assis dans un café moscovite, lisant dans un journal russe un article traitant de la hausse phénoménale du prix de l’or en roubles. En réalité, les articles qui traitent de l’or sont généralement publiés en page 17 et très difficiles à localiser. Les hommes « sérieux » s’intéressent aux actions et à l’immobilier, et les pièces et barres d’or sont réservées aux plus naïfs. En ce sens, la Russie n’est pas différente des Etats-Unis, peut-être même pire.

Mais passons maintenant à mon expérience personnelle…

  • Notre boutique se situe à 200 mètres de l’entrée du Kremlin, juste de l’autre côté de la rue. Nous recevons parfois des visiteurs venus d’entre ces murs. Au début de l’après-midi du 16 décembre, un ouvrier ukrainien du bâtiment est entré dans l’espoir d’acheter une Philarmonique autrichienne d’une once. Il venait d’achever un travail de reconstruction de plusieurs mois au Kremlin, et cherchait à se débarrasser de ses roubles en faveur d’actifs physiques (notez que le 16 décembre 2014 a déjà été surnommé Mardi noir. Ce jour-là, le rouble est passé de 58 à 72 roubles par dollars en quelques heures).

Il ne faisait aucun doute que cet homme s’était déjà brûlé les doigts dans sa vie. Il désirait pouvoir vérifier l’authenticité de sa pièce de toutes les manières possibles. Quand il a passé notre porte, la pièce qu’il cherchait se vendait 86.000 roubles. Il nous a fallu environ 30 minutes pour terminer la procédure d’authentification – et quand nous avons à nouveau regardé le prix de la pièce, il était passé à 100.000 roubles. Malheureusement, notre client n’avait que 90.000 roubles en poche. Son investissement lui est littéralement passé sous le nez.

Il m’a confié avoir toujours eu envie de s’acheter une grosse chaîne en or, et je lui ai conseillé une bijouterie située à proximité. « Les prix y changent moins souvent », ai-je dit. Il est parti avec un soupir.

 

  • Le même jour, je me suis rendu dans une succursale locale de Sberbank (la plus grosse banque de Russie), que j’ai trouvée bondée de monde. Il y avait peut-être cent clients à l’intérieur. Tous avaient l’air maussade et tous étaient déterminés à retirer des roubles pour acheter des dollars ou des euros aussi vite que possible. Je me suis adressé aux banquiers que je connaissais : « Nos chers compatriotes se jettent une fois de plus sur des actifs physiques à prix fort ! ». Certains ont ri. J’ai trouvé à la fois douloureux et drôle de voir des Russes commettre une nouvelle fois la même erreur.

 

  • Une caissière assez âgée de mon supermarché local, en réponse aux rumeurs concernant le possible gel des comptes en banque, a dit : « Ils vont nous prendre notre argent comme en 1990 ». Je lui ai demandé pourquoi elle ne se tournait pas vers l’or et l’argent sur le long terme. Commentaire auquel elle a répondu par « Et pour quoi faire, pour les manger au dîner ? »

 

  • L’un de mes amis, découragé, m’a annoncé devoir acheter des euros pour payer son loyer (les loyers sont souvent foxés en euros à Moscou), bien que tous les bureaux de changes soient en pénurie d’euros.

 

  • Il y a quelques jours, j’ai entendu cette conversation dans un magasin de produits électroniques : « Chérie, j’ai encore quelques roubles en poche, laisse-moi acheter une troisième télévision écran plat ».

Nous voilà maintenant au milieu du mois de janvier. Un dollar s’achète pour 65 roubles. Des leçons ont-elles été tirées de la situation ? Les Russes se sont-ils transformés en enthousiastes des monnaies physiques ? Malheureusement, le dollar et l’euro (et même les télévisions écran plat) leur semblent toujours être de meilleurs havres de protection que l’or.

Qu’en est-il de tous ces articles concernant les achats d’or de la banque centrale russe ? Seuls très peu de Russes y prêtent attention. Ces achats n’ont pour l’instant influencé les décisions financières de personnes… mais elles le devraient – la Banque de Russie a acheté 171 tonnes d’or l’année dernière, plus que n’importe quelle autre banque centrale du monde.

A l’heure où j’écris ces lignes, un site russophone est truffé d’annonces publicitaires offrant des produits ménagers pour 32.000 roubles au lieu de 40.000.

Cela signifie-t-il qu’il n’y aura pas de marché haussier de l’or en Russie ? Je pense qu’il serait une erreur de tirer cette conclusion. Voici pourquoi :

Premièrement, à la fin de l’année 2014, nous avons enregistré une forte hausse des ventes d’or et d’argent. Certaines sources locales ont déclaré que leurs ventes de pièces avaient grimpé de 50%, parfois même de 100%. Nos volumes de vente ont aussi grimpé en décembre par rapport à l’automne. Mais le mois d’avril 2013 a été bien plus actif en termes de volumes et d’intérêts. Gardez à l’esprit que nous sommes partis d’une base très faible.

Le signe le plus prometteur est la réapparition, après une longue absence, d’acheteurs de gros – ils achètent parfois jusqu’à 50, 100 voire 150 onces en une fois. Ils sont souvent des hommes d’affaires venus de province qui cherchent à « geler » leur épargne sur le long terme. Ils achètent toujours les pièces d’une once les plus neuves et les moins chères. Le concept de propriété de métal précieux est peu à peu adopté par les hommes d’affaires russes.

Un évènement financier majeur ou une hausse soudaine du prix de l’or en dollars servira de catalyseur à une ruée vers l’or. Une perte de confiance en les devises occidentales pour des raisons politiques ou économiques pourrait pousser les Russes à agir.

Deuxièmement, la propriété d’or est une habitude que j’aime appeler « hygiène financière personnelle ». De nombreuses manières, la Russie est au-devant du monde développé en termes de prudence face à la dette et d’opposition aux aides sociales. En voici deux exemples :

  • Dette liée aux prêts immobiliers : les Russes achètent aussi des biens immobiliers grâce au crédit, mais la taille de ce marché est minuscule. Il existe environ 51 milliards de dollars de dette résidentielle en Russie, pour 144 millions de personnes. 3,5% de ce marché est représenté par des devises autres que le rouble. Ce n’est rien du tout en comparaison aux Etats-Unis – et pourtant, vous devriez entendre la rhétorique anti-dette des médias locaux.
  • Allocations chômage : voici un gros titre intéressant « le taux de chômage devrait grimper à Moscou de 0,5% d’ici à 2017 ». A partir de 0,35% (25.100 personnes). Il y a environ 13 millions d’habitants à Moscou, et le taux de chômage réel est en réalité bien plus élevé.

Les allocations chômage les plus élevées sont de 78 dollars par mois, et ne concerne que les anciens directeurs et membres de direction. Vous ne pouvez compter sur des allocations que pour une durée de trois mois, tout en ayant à participer à des foires pour l’emploi, des séminaires, etc. Pour remettre cette somme en perspective, les appartements les moins chers coûtent ici entre 50.000 et 60.000 dollars. En conséquence, les Russes ne se font pas recenser par le bureau de chômage. Ils essaient de s’en sortir tous seuls.

Une majorité des Russes privilégie l’épargne. L’or pourrait très bien s’intégrer dans leur mentalité financière.

Il est temps pour les Russes, les Américains et tous les autres de se réveiller, de se rendre compte des dangers de la débauche étatiste, et de se préparer aux épreuves à venir.

 

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