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Cours Or & Argent

Obamacare : qui paye quoi à qui, et pourquoi ?

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Publié le 11 février 2014
938 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Or et Argent

 

 

 

 

Après la débâcle de l’Affordable Care Act, il faudrait s’interroger sur la capacité des pouvoirs publics à fixer de manière arbitraire le contenu de l’assurance maladie, mais aussi sur le fait que la nouvelle législation américaine ait abouti à renchérir les coûts globaux, voire à annuler l’assurance existante de millions de citoyens américains, faute de conformité aux nouvelles normes fédérales.


Il est de bon ton en Europe de dénoncer les États-Unis comme un enfer pour les pauvres, dépourvus de couverture médicale, où seuls les ménages aisés seraient capables de s’assurer. En réalité, le système américain est étonnamment proche de nombreux régimes publics européens, d’où d’ailleurs les problèmes actuels. Regardons de plus près les programmes mis en place par le président Lyndon Johnson dans les années 1960.


Medicaid représente le plus gros programme fédéral de subventions destiné aux plus nécessiteux. Chaque État détermine cotisations et prestations selon des normes fédérales, et reçoit en contrepartie des fonds proportionnels aux dépenses. Autrement dit, plus le programme Medicaid est important, plus les subventions seront élevées. En théorie, les bénéficiaires de Medicaid sont des enfants de ménages à faibles revenus. Dans la pratique cependant, 70 % des dépenses sont consacrés aux personnes âgées et handicapées.


Medicare accorde des subventions à quelques 42 millions d’Américains, à partir de 65 ans. Ce régime reste financé à 90 % par les impôts (contributions des États et recettes fédérales, primes et cotisations représentant les 10 % restants).


À l’instar des États-providence européens, le système du tiers payant est la règle, ce qui explique une grande partie l’explosion des dépenses de santé. Voire, le tiers payant est plus développé aux États-Unis qu’ailleurs : 86 cents par dollar dépensé ! Selon ce critère, le régime public d’assurance maladie américain est le plus socialiste du monde.


Au lieu de laisser les citoyens évaluer cotisations et prestations d’assureurs concurrents, l’État fédéral dissimule activement le coût réel. Résultat : les consommateurs réclament sans cesse une couverture élargie, puisqu’ils n’en assument pas les frais directement. Il s’ensuit une situation où les patients consomment sans relâche des soins sans valeur ajoutée (puisque « gratuits »).


À l’inverse, les prestataires n’ont guère intérêt à proposer des solutions innovantes, ni même des prix transparents. Au total, la « sur-assurance » réduit les avantages concurrentiels en faisant grimper les coûts et baisser la qualité des soins.


Dans les années 1970, la RAND Corporation a entrepris une expérience de long terme pour évaluer les effets d’un système de « universal care », sur le modèle européen. L’enquête s’est étendue de 1971 à 1982, impliquant 2 750 familles (au total 7 700 personnes, âgées de moins de 65 ans). Les enquêteurs ont posé trois questions simples :


1)      Quel est l’impact sur la consommation de soins médicaux, grâce à l’adhésion à une Health Maintenance Organization (HMO) ?

2)     Quel est l’impact sur la qualité et l’adéquation des soins par un tel dispositif ?

3)     Quel est le résultat global en termes de santé ?


Les participants ont été répartis au hasard sur cinq types d’assurance maladie dont seul un régime fut exonéré de cotisations. Les autres formules stipulaient des cotisations allant de 25 à 95 % des coûts réels. Les familles ont participé à l’expérience pendant une durée de 3 à 5 ans. Soixante pour cent des participants ont été sélectionnés pour des examens de santé au début et à l’issue de l’enquête.


Par rapport au groupe bénéficiant d’une couverture sans contribution personnelle, l’on a pu observer que :


-          quel que soit le niveau de la cotisation versée, l’ensemble des autres catégories a fait montre d’un nombre plus faible de consultations de médecins, et 20 % de moins d’hospitalisations. Cela vaut également pour les visites chez le dentiste et l’achat de médicaments sur ordonnance ;

-          les participants aux HMO avaient 39 % de moins d’hospitalisations ;

-          les participants à tout système de partage direct des coûts dépensaient moins pour les soins.


A priori, cela semble évident : une franchise plus élevée et des frais directs sont de nature à freiner la consommation. Or ce qui est plus intéressant est le fait que ces catégories de personnes n’ont pas rapporté d’effets négatifs significatifs sur la santé par rapport à celle qui a bénéficié de soins gratuits.  Autrement dit, le tiers payant incite à une consommation de soins que le patient en question n’aurait peut-être pas choisie si le coût était plus directement sensible.


Il faudrait évidemment refaire l’enquête RAND aujourd’hui pour mieux évaluer la situation actuelle. Une étude similaire a pourtant été effectuée par McKinsey (2005) pour examiner l’impact des comptes-épargne santé (Health Savings Accounts) aux États-Unis, et les conclusions se rapprochent en ce qui concerne la prise de conscience des patients quant aux frais réels :


-          ceux qui ont choisi une solution HSA sont plus incités à regarder le rapport qualité/prix des soins, sans incidents sur l’état de santé (même s’ils ont moins tendance à consulter pour les « petits bobos »)

-          ils s’intéressent davantage à la prévention et mènent une vie plus saine

-          ils sont plus incités à se soumettre à une visite médicale annuelle afin d’éviter des dépenses plus lourdes à terme.


Sachant que le chaos actuel ne permet même pas de savoir si les Américains jadis détenteurs d’une assurance maladie privée qui leur convenait sont en mesure d’opter pour un compte épargne-santé, il est impossible de savoir si la solution HSA et autres solutions de rechange pourront survivre.


Ce qui est clair en revanche, c’est que le système américain en l’état actuel n’est en rien un modèle. « If you don’t like it, you still have to keep it. »

 

 

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Jacob Arfwedson est consultant indépendant auprès de think-tanks en Europe et aux Etats-Unis, en particulier au sujet des réformes de l’Etat
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