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Cours Or & Argent
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Vous souvenez vous de l’Argentine ?

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Publié le 27 juin 2011
848 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
( 18 votes, 4,8/5 ) , 5 commentaires
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Rubrique : Editoriaux






La dette grecque s’élève à près de 300 milliards d’euros (soit 142,8% de son PIB selon la BCE). Du coup, elle n’est plus seulement un problème pour les contribuables grecs, mais elle le deviendra pour les contribuables français, et aussi pour les allemands. Pour certains sympathisants de l’économie de marché, un défaut de la Grèce pourrait entraîner l’euro et ainsi révéler l’incapacité de la BCE et des gouvernements Européens à maintenir la stabilité monétaire et financière de la zone.  Les empereurs de la zone euro seraient donc nus.


Pourtant, le citoyen moyen ne verra probablement pas les choses de la même façon. Certes, la crise grecque a le potentiel d'entraîner le reste de l'Europe avec elle, ainsi que l’effondrement de l’euro. Elle ne mettra cependant pas en évidence la cause principale de la crise, à savoir le surendettement des gouvernements européens. En effet, compte tenu de l’état des mentalités en Europe, les échecs de l’Etat ne conduisent pas à une remise en cause de son rôle mais au contraire à sa croissance. Loin d’en sortir gagnantes, les institutions du marché libre s’en trouvent fragilisées.


Le cas de l'Argentine est emblématique à cet égard. Entre 1999 et 2002, l'Argentine se trouvait dans une position similaire à la Grèce. Au début des années 1990, le gouvernement argentin avait lié, par le biais d’une loi, le peso au dollar à une parité 1:1 afin d'enrayer l'hyperinflation galopante (206% par an à la fin des années 1980). Une telle parité exigeait une bonne dose de responsabilité financière de la part du gouvernement, responsabilité rapidement mise de côté une fois le problème de l'hyperinflation résolu. Le gouvernement, en raison des ambitions politiques du Parti Justicialiste de Menem, ne parvint pas à réduire les dépenses et accumula donc les déficits.


Au même moment, le gouvernement argentin assouplissait les règles concernant la création de crédit par les banques, menaçant ainsi la parité peso-dollar et conduisant à un épuisement progressif des réserves de change nécessaires pour la soutenir. Pourtant, durant les années 1990, l'économie argentine semblait, selon des données du FMI, en plein essor – tout comme l'économie grecque apparaissait florissante pendant les 15 ans précédant la crise de 2009. Les investisseurs étrangers et le FMI n’hésitaient pas à financer les déficits argentins. Le crédit – soutenu par des taux d’intérêt relativement faibles (par rapport aux taux de l’époque hyperinflationniste – coulait à flots. L’État argentin entra alors dans une spirale de déficits publics suivis d’une expansion du crédit bancaire, et d’une accumulation de dettes. Quand il fut évident qu’il ne pourrait jamais payer sa dette, la crise éclata.


Au lendemain de la crise, le peso avait perdu 75% de sa valeur face au dollar et l'État argentin avait fait défaut sur plus de 132 milliards de dollars de sa dette. La confiscation de facto des comptes en dollars et la fixation d’un maximum de retraits d’argent à 300 pesos hebdomadaires (l’infâme corralito) pour tous les comptes, finirent par donner le coup de grâce à l’économie argentine.


La population argentine se révolta-t-elle pour autant contre les dépenses excessives de l’État? Absolument pas. L’État fut pointé du doigt, certes, mais avant tout pour ses connivences avec les investisseurs financiers. Il lui fut reproché de ne pas avoir dépensé davantage pour « éviter la crise ». La crise signifiait, en effet, la réduction drastique de nombreux avantages donnés aux fonctionnaires ainsi que des généreuses dépenses sociales du gouvernement argentin. La population regretta amèrement leur perte. En d'autres termes, le peuple ne vit pas que l'empereur était nu, car cela allait de pair avec la mentalité populaire.


La preuve en est que le couple Néstor et Cristina Kirchner remporta les élections de 2003 (Néstor) et de 2007 (Cristina) à partir d’un programme populiste promettant une reprise des dépenses gouvernementales, dépenses financées par une hausse des impôts des entrepreneurs et des salariés productifs. Les gouvernements Kirchner n’hésitèrent pas non plus à taxer les exportations agricoles qui avaient pourtant permis de sortir le pays de la crise fin 2002.


Aujourd'hui, même si l'Argentine a repris le chemin de la croissance (8,5% en 2010), celle-ci reste fragile. Le pays est confronté à un taux annuel d'inflation de plus de 21.7%, et à une nouvelle accumulation de la dette publique. À l’évidence, les causes profondes de cette situation difficile n’ont pas été identifiées dans l’opinion publique argentine.


Le risque est de voir se produire en Europe le même phénomène, à savoir que la majorité des Européens continue d’adorer une sécurité sociale généreuse, des lois du travail rigides, des subventions, ainsi que tous les « acquis » dits sociaux. Peu nombreux sont ceux qui remarquent que les fluctuations des marchés financiers telles que celles du marché des dérivés ne sont que les conséquences de l’irresponsabilité fiscale des gouvernements. De plus en plus de personnes tombent dans l’argument facile de la corruption des dirigeants de l’État, au lieu de reconnaître que la structure même d’un État dépensier mène à cette corruption. Pour que la crise monétaire actuelle  se solde par un véritable changement de société, encore faudra-t-il que la mentalité de la population moyenne évolue.




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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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Je suis d'accord qu'un défaut de paiement d'un État n'est pas la fin du monde--en fait, je dirais même que c'est le point d'inflexion pour redresser les comptes. Mais le problème que je suscite ici est le fait que la mentalité des masses n'est pas propice au redressement nécessaire (moins des dépenses gouvernementales, et plus de liberté fiscale). En Argentine aujourd'hui, l'équilibre fiscal reste très fragile. Il est surtout fondé sur une imposition plus élevée qu'avant--comme je l'ai mentionné sur l'article, l'État argentin n'hésite même pas à taxer les exportations. Cette imposition plus lourde est en place pour soutenir les reprises des dépenses gouvernementales si chères à certains segments de la population argentine. Les argentins n'ont pas su profiter de leur défaut souverain... Merci de votre commentaire!
Réponse intéressante. Je comprends votre argumentation. En même temps, les gens auront du mal à évoluer s'il voient que la croissance reprend alors qu'on taxe plus les riches et les personnes productives.
L'article est disponible ici: http://www.objectifeco.com/economie/economie-politique/article/loic-abadie-comment-faire-disparaitre-rapidement-750-milliards-d-eur
Merci pour cet article intéressant. EN lisant Loic Abadie sur objectif eco, je constate qu'il n'est pas aussi pessimiste que vous. Il préconise une restructuration de la dette grecque puis la sortie de l'Euro. Il écrit "Ce schéma de crise avait fonctionné en Argentine au début des années 2000 dans une situation assez similaire, et après une crise sévère mais de durée assez courte (un défaut de paiement d’un état ne constitue pas la fin du monde, même si c’est un événement très grave), ce pays a aujourd’hui un budget équilibré et un niveau d’endettement raisonnable, et bénéficie d’un taux de croissance tout à fait honorable, un des meilleurs d'Amérique Latine, même si des problèmes subsistent et que l’inflation y reste élevée.". Etes-vous d'accord?
Je crois qu'il ne faut pas minimiser les problèmes qui subsistent encore en Argentine. Parmi eux, on retrouve des impôts sur les exportations qui peuvent atteindre 40%. Effectivement, l'Argentine a retrouvé l'équilibre budgétaire par le biais de la hausse des impôts ce qui n'est pourtant pas bien pour un redressement solide de l'investissement. Alors, pas de déficit, mais pas de baisse des dépenses non plus. En outre, l'inflation officielle est nettement moins élevée que celle comptabilisée par les entreprises et même celle perçue par les consommateurs. Si l'inflation inquiète vraiment, c'est parce que la BC et les banques se sont à nouveau engagées sur un processus d'expansion du crédit dangereuse.

Définitivement, l'Argentine est un mauvais exemple économique ces derniers temps...

Merci de votre commentaire.
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Je crois qu'il ne faut pas minimiser les problèmes qui subsistent encore en Argentine. Parmi eux, on retrouve des impôts sur les exportations qui peuvent atteindre 40%. Effectivement, l'Argentine a retrouvé l'équilibre budgétaire par le biais de la hauss  Lire la suite
Gabriel Gimenez Roche - 06/09/2011 à 14:33 GMT
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