GoldSilverWorlds
a publié un excellent article
qui résume parfaitement les questions abordées au forum du LBMA de Singapour. Vous trouverez
ci-dessous des notes additionnelles que je n’ai pas mentionnées sur Twitter.
Zhang Bing Nan, de China Gold Association (voir sa
présentation ici),
a apporté une réponse que je qualifierais de chinoise à la question
concernant le flux de métal de l’Occident vers l’orient : le globe est
rond, où donc est l'Occident, et où est l’orient ? Sa réponse a suscité
quelques rires. Autres commentaires :
- peu
importe à qui vous prêtez vos dollars, ils ne sont pas en sûreté. Ce
n’est pas pareil pour l’or
- c’est
une chance que nous ayons une perception différente de l’or (lire :
nous voulons acheter, et vous, Occidentaux, voulez vendre)
- les
gens se sentent en sécurité lorsqu’ils tiennent de l’or entre leurs
mains
- Les
Asiatiques ne sont pas similaires aux Occidentaux dans le sens où ils
n’ont pas les mêmes produits financiers. Alors ils achètent de l’or
Le commentaire selon lequel l’amélioration du marché de
l’or et l’encouragement de la consommation d’or joueront un rôle important
dans la promotion du contenu en or du renminbi prouve que la Chine ne se
soucie pas des quantités d’or qu’elle possède dans ses coffres, mais se
concentre plutôt sur l’or disponible au sein de ses frontières. Que cela
indique qu’elle pense à confisquer l’or de ses citoyens si un nouveau système
monétaire garanti par l’or venait à apparaître ou qu’elle perçoive son pays
comme étant plus riche si ses citoyens possèdent de l’or est une question
ouverte.
Notez également que le développement du marché de l’or de
la Chine ne concerne pas seulement l’or physique : « la Chine fait
pression sur le processus législatif du marché de l’or et développe
activement des produits dérivés de l’or en renminbis ». Zhang a
également ajouté que China Gold Association est une organisation sociale
nationale 5A qui « est classée cinquième sur 177 organisations sociales
nationales par le Ministère chinois des affaires civiles », ce qui
indique à quel point le marché de l’or est important pour le marché de l’or.
Et pendant que nous parlons de la Chine, je vous
recommande de lire cet
article de Ben Hunt :
« Un certain nombre de lecteurs m’ont demandé si
l’accumulation d’or physique par la Chine joue un rôle significatif dans les
défis lancés par la Chine au monde occidental en matière de statu quo des politiques
monétaires. Absolument ! Elle a exactement la même importante que les
échanges de pétrole hors-dollar récemment mis en place avec la Russie. Il
s’agit d’un outil de construction d’un régime monétaire alternatif ».
Hector Freitas, de chez UBS, a
récemment expliqué que la division de gestion de patrimoine de sa société a
vu des clients vendre de l’or pendant quelques mois avant l’effondrement du
prix de l’or survenu au mois d’avril, mais qu’il ne s’agissait que
d’investisseurs opportunistes qui sont aujourd’hui sur le marché des équités.
Selon ses dires, UBS enregistre une demande croissance de dépôt pour l’Orient
et a noté qu’il y a plus de capital disponible en Occident qu’en Orient. Si
l’Occident venait à ne plus faire confiance en ses devises ou à souffrir
d’une guerre, il pourrait donc dominer la demande en or. Je n’arrive
cependant pas à imaginer l’Orient vendre son or, et me demande où l’Occident
pourra bien aller en acheter.
Tony Reynard, du Freeport de
Singapour, a expliqué que le Freeport n’a à l’origine pas été construit dans
l’objectif de fournir des coffres d’or mais prévoyait d’accueillir des œuvres
d’art. 10% des 25.000m² d’infrastructure de stockage sont réservés à l’or. Il
a ajouté que l’or ne représente pas de rendements importants pour le
Freeport, qui loue au mètre carré, parce que l’or physique ne prend pas
beaucoup de place (notez que Freeport n’est qu’un propriétaire foncier, qui
ne gère pas les coffres eux-mêmes, et que les rendements sont enregistrés par
des sociétés qui lui louent de l’’espace de stockage à prix fixe et chargent
un pourcentage de frais à leurs clients). Des demandes de construction
d’infrastructures similaires ont été enregistrées au Luxembourg, en Chine, en
Corée du Sud, à Macao et au Japon, et requièrent toutes des coffres d’or, ce
qui pourrait indiquer qu’il existe un important marché pour le stockage de
métaux précieux. Guy Bullen, de chez Brinks, a ajouté que le transport d’or physique vers la
Chine a représenté un défi pour sa compagnie en 2013.
Pour ce qui sont des discours quant à l’établissement
d’une version asiatique du fixing de Londres, je ne me souviens plus du nom
de la personne qui a fait ce commentaire, mais quelqu’un a expliqué que la
compétition d’un nouveau modèle de détermination du prix de référence de l’or
avec Londres ne dépend pas seulement de ses volumes mais de l’existence d’un
premium ou d’un décompte, en raison de la différence fondamentale entre sa
localisation et celle du fixing existant d’un point de vue physique. Par
exemple, si le coût représenté par le déplacement de l’or depuis un endroit
comme Londres vers le lieu où pourrait être établi un nouveau fixing était de
0,20 dollars par once, le marché continuerait de se fier à Londres en raison
de sa liquidité, et le nouveau fixing n’obtiendrait pas de volumes. La
liquidité ne peut se déplacer que s’il existe une différence significative.
Pour ce qui est de l’Inde, Rashesh
Shah, de chez Edelweiss, a expliqué que les Indiens épargnent environ 500
milliards de dollars chaque année, dont 10% sont investis sur l’or, ce qui
engendre un flux entrant de 40 à 50 milliards de dollars par an sur l’or.
Certains se demandent actuellement si la demande pourra se maintenir au fil
du développement de l’Inde et de la Chine, leur théorie étant que les gens
ont tendance à acheter de l’or en raison de l’absence de produits financiers
fiables. A mesure que ces produits deviennent disponibles, la demande
pourrait chuter. Selon Rashesh, la sophistication
du secteur financier indien n’affectera pas la demande des Indiens en or,
mais devrait les pousser à investir sur des instruments financiers basés sur
l’or. La consommation d’or physique devrait demeurer identique, et des
changements ne devraient se faire sentir que pour ce qui est de la manière
d’acheter. L’intérêt que porte actuellement l’Inde à l’or est lié à
l’inflation qui fait rage dans le pays, et au fait que l’or représente une
manière abordable d’exporter du capital (de contourner les contrôles de
capitaux) puisqu’il n’est pas exposé à la roupie.
Harriet Hunnable, du CME Group,
a émis le commentaire suivant, qu’elle a partagé avec LME et Tocom :
« Nous ne sommes pas favorables à des contrats
financiers sur l’or, les marchés préfèrent l’intégrité des contrats
physiques ».
La seule chose que j’aimerais ajouter ici est qu’il existe
une différence en termes d’intégrité entre un marché sur lequel il est
possible de demander la livraison de son métal et un marché sur lequel seul
un petit pourcentage de contrats est satisfait (comme le Comex), ou encore un
marché sur lequel la livraison est obligatoire sous peine d’une amende de 10%
(nouveau contrat du SGX).